Chronique d’un stagiaire épanoui

Depuis quelques mois, chez Rencontre des Continents, un nouveau venu arpente les locaux, répandant une nouvelle énergie dans un lieu et une équipe qui n’en attendaient pas moins. Cette personne, c’est moi, Maxime, stagiaire pour le moins comblé. Mon défi aujourd’hui est de vous partager un fragment du stage que j’ai eu la chance de passer au sein de RdC. Cela représente un véritable challenge, au vu des 3 mois aussi intenses et épanouissants que j’ai pu vivre, parsemés de rencontres, d’échanges et de découvertes.

J’ai passé un long moment à ne pas savoir par où commencer, à avoir envie d’exprimer 24 idées en même temps. Après avoir pris le temps d’accueillir cette légère angoisse (voilà typiquement des paroles que je n’aurais pas prononcé avant mon passage chez RdC), je me suis dit que la meilleure des choses à faire, c’est de vous la partager. Par la même occasion, cela m’a permis d’écrire ces premières lignes, me soulageant ainsi de ce stress de la page blanche. Dans les lignes qui suivent, j’ai donc tenté de mettre de l’ordre dans tout ce que j’ai fait, vécu, découvert ou ressenti, dans cet océan d’expérimentations et d’émerveillement qu’a été, et qu’est toujours, mon stage chez RdC.

Une période de ma vie entre convictions et incertitudes

L’humain est une véritable passion pour moi. Je prends beaucoup de plaisir à rencontrer de nouvelles personnes, et à découvrir leurs personnalités, leurs points de vue sur le monde, leurs vécus,... bref, la beauté de la singularité de chacun.e. C’est d’ailleurs le but de mes études en éducation permanente : favoriser la rencontre entre différentes personnes afin qu’elles se comprennent, apprennent les unes des autres, questionnent ensemble la société, etc. , le tout dans un cadre bienveillant, où la différence est source de découverte, et non de méfiance.
Je suis également un grand amateur de remise en question et de déconstruction. Déconstruction de la société dans laquelle je vis et de ses enjeux, mais aussi, plus récemment, de moi-même (et, en tant qu’homme blanc cisgenre, il y a de quoi faire !). C’est donc une période durant laquelle je retire énormément de toutes ces réflexions, m’émerveillant de ce que je découvre, tant sur moi-même que sur les personnes différentes de moi, et sur les relations qui nous unissent. C’est également une période parfois inconfortable à traverser, bien que cet inconfort soit presque libérateur à expérimenter. C’est donc excité, mais également stressé à l’idée de « faire bonne figure » gorgé de tous ces questionnements si intéressants qui m’habitent, que je suis arrivé pour mon premier jour de stage dans la mansarde de la Maison de la Paix.

Une maison qui vit, et qui vit bien !

Vous vous en doutez, ces appréhensions ont rapidement été balayées d’un revers de main. D’abord par Margot, ma référente de stage, qui m’a accueilli avec un sourire qui transpirait la sympathie. Une poignée de secondes plus tard, au détour d’un palier, je croise deux habitants de la Maison de la Paix : Jonathan et Antoine, de chez FIAN, en pleine conversation sur l’utilisation du mot « vivant » plutôt que « nature », le premier terme induisant moins une séparation avec l’humain. Il ne m’avait fallu que 5 minutes pour déjà avoir des étoiles dans les yeux : des gens tellement accueillants sont occupés à vulgariser les théories de Bruno Latour à 9h30 autour d’un bon café. J’ai d’ailleurs passé mes premiers jours à m’émerveiller de tout ce qui compose cette maison : la diversité (et la complémentarité) des associations, les stickers et posters aux murs, les livres sur les étagères, les conversations plus riches les unes que les autres. J’apprécie la réconciliation entre écologie et luttes sociales, j’étais donc servi ! 

Une philosophie de travail inoubliable

Mais assez parlé de cette maison, parlons maintenant de Rencontre des Continents. Lorsque je devais décrire l’ASBL à des “moldu.e.s” qui n’en avaient jamais entendu parler, je commençais souvent par expliquer que c’est une structure aux idéaux magnifiques, qui fait un travail incroyable, tout en ayant une philosophie de travail faite d’écoute, de bienveillance, d’accueil des émotions, ou encore de remise en question. Et je dois avouer que c’est ce versant là qui m’a le plus marqué, sans doute car c’est celui dont j’avais le plus besoin. J’y ai trouvé un groupe qui a mis en place un cadre valorisant et épanouissant, qui m’a permis de leur partager mes incertitudes, mes angoisses, mais également mes nombreuses découvertes, réussites et réjouissances.
Cette philosophie se cristallise durant les réunions d’équipe. Elles illustrent parfaitement une belle différence que je crois déceler avec bon nombre d’autres associations : chez RdC, un soin important est pris pour incarner les façons de faire, de penser, de s’organiser, de communiquer que nous voulons voir dans le monde. Et ce recentrage sur soi-même (sans pour autant en oublier les nombreux combats collectifs), me semble trop peu souvent encouragé à sa juste valeur dans les milieux associatifs/militants. Ces réunions d’équipe sont un mélange d’organisation, de convivialité et de bienveillance. Accueil des émotions, communication non-violente, gratitude et valorisation du travail de chacun.e,… tout cela au sein d’une équipe composée de personnalités aussi diverses* que magnifiques, entre lesquelles règne une incroyable synergie et une belle complicité.

Une magnifique diversité d’axes de travail

Je n’ai fait que le survoler pour le moment, mais le travail qu’effectue RdC mérite également que l’on s’y attarde. J’étais déjà époustouflé par la diversité et la profondeur des sujets questionnés. En grand.e.s amateurices de la pensée systémique, que j’ai d’ailleurs pris grand plaisir à arpenter, iels ne s’intéressent pas qu’à la seule thématique de “l’alimentation”, mais bien à cette multitude de dynamiques qui, combinées, créent la société dans lequel nous évoluons. J’ai, par exemple, eu l’occasion de suivre la formation « Sauge » sur le lien entre genre et alimentation, d’écrire un article de soutien à la « Campagne de réquisition solidaire » de bâtiments inoccupés, ou de participer à l’organisation de la Journée des Luttes Paysannes devant l’usine Clarebout à Frameries.
J’ai également eu l’occasion de travailler au sein des nombreux réseaux dont RdC fait partie. J’ai pris un énorme plaisir à rencontrer (souvent virtuellement) ces personnes et à travailler avec elles. Là encore, la diversité était de mise. Je rencontrais tant des membres du CNCD, que les responsables de l’Université Populaire d’Anderlecht, en passant par des agriculteurs qui venaient nous partager leurs réalités. Cette pluralité de profils permettaient des discussions très fertiles, où chacun.e apporte un point de vue aussi différent que précieux. J’ai d’ailleurs reçu beaucoup de confiance et de soutien de la part de l’ensemble de l’équipe quant aux missions sur lesquelles j’étais engagé. Loin du rôle de “stagiaire”, je me sentais comme une personne de plus essayant de mettre sa p’tite pierre à ce magnifique édifice qu’est Rencontre des Continents. Pour l’anecdote, j’ai eu l’occasion de piloter la mise sur pied d’un site web regroupant un maximum de ressources concernant l’accès à une alimentation de qualité pour tou.te.s. Ce projet, assez conséquent et source potentielle de stress, s’est magnifiquement déroulé, en particulier grâce au soutien de l’équipe qui m’entourait. J’en profite pour faire un gros bigup à Eleonore, toujours pleine de gratitude, de soin et d’attention aux autres, avec laquelle c’est un toujours plaisir de travailler.

… et, évidemment, l’influence de ce bon vieux covid !

Initialement, je venais chez Rencontre des Continents pour expérimenter le rôle et la posture d’animateur avec des publics en situation de précarité. Avec le petit virus qui circule actuellement, je n’ai malheureusement pas pleinement pu découvrir cela. J’ai pu remarquer que j’étais loin d’être le seul à déplorer cette perte de connexion avec nos publics, et je profite de la fin de cet article pour mettre un petit coup de projecteur sur notre secteur de l’éducation permanente. Au même titre que la culture (et bien d’autres secteurs), cela fait plus d’un an que nous sommes presqu’à l’arrêt, alors que le caractère essentiel de notre travail nous saute aux yeux…

Pour conclure, je dirais que ce passage chez RdC a été bien plus qu’un stage pour moi, ça a été une véritable expérience de vie. Je vais quitter RdC avec un brin d’amertume, car y œuvrer donne un sens magnifique à mes journées. Je repartirai surtout gorgé de magnifiques réflexions, pratiques, rencontres et découvertes que je vais continuer d’explorer. Je tiens vraiment à remercier du fond du cœur toute l’équipe pour ce que vous m’avez apporté, ce que vous faites, qui vous êtes. 

Maxime Cowez, étudiant à l’IHECS en Master 2 Animation socio-culturelle et éducation permanente

Avril 2021

*On s’entend, on reste toustes blanc.he.s, mais on en est au moins conscient.e.s

Par Maxime

octobre 2024 :

septembre 2024 | novembre 2024

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