Cette étude analyse des questions de nutrition, dans une perspective fondée tant sur les droits humains que sur la systémique alimentaire. Partant des apports théoriques des systèmes alimentaires, elle analyse en détail l’état de la nutrition et des politiques nutritionnelles en Belgique pour proposer une approche holistique et contextualisée du droit à l’alimentation.
Introduction
Selon l’ancien rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l’alimentation, Olivier De Schutter, l’adéquation du droit à l’alimentation signifie que : « la nourriture doit satisfaire les besoins alimentaires, en tenant compte de l’âge de l’individu, de ses conditions de vie, de sa santé, de son travail, de son sexe, etc. (...). (...). Les aliments doivent également être sans danger pour l’homme et exempts de substances nocives, telles que les polluants provenant de processus industriels ou agricoles, y compris les résidus de pesticides, d’hormones ou de médicaments vétérinaires » [1]. En d’autres termes, les aliments doivent être sûrs et de bonne qualité pour permettre à chaque personne, en fonction de ses besoins, de mener une vie digne et en bonne santé (physique et mentale).
Malheureusement, au niveau mondial, la malnutrition sous toutes ses formes reste un problème majeur. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), outre les 811 millions de personnes qui souffrent de la faim, plus de 2,37 milliards de personnes n’ont pas accès à une alimentation adéquate et souffrent d’insécurité alimentaire grave ou modérée et de carences en micronutriments. [2]
D’autre part, le surpoids et l’obésité sont en augmentation et sont devenus un problème mondial dans tous les pays. En 2016, selon l’OMS, 1,9 milliard de personnes sont en surpoids, dont 650 millions sont obèses. [3] L’ampleur du phénomène a conduit l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à qualifier l’obésité de pandémie.
L’impact des mauvaises habitudes alimentaires
Les mauvais régimes alimentaires ont des répercussions directes sur la santé. Ils sont directement liés à l’augmentation rapide des maladies non transmissibles (MNT), telles que les maladies cardiovasculaires, le diabète, l’hypertension ou certains types de cancer. Les MNT sont devenues la principale cause de décès dans le monde.
On estime que les mauvaises habitudes alimentaires sont à l’origine de 11 millions de décès par an dans le monde. [4]
En Europe, l’étude historique Global Burden of Disease estime que plus de 950 000 décès sont directement liés à une mauvaise alimentation (un décès sur cinq) [5].
Et les mauvaises habitudes alimentaires sont responsables de la perte de 16 millions d’années de vie en bonne santé [6]. C’est un constat malheureux dans les pays européens : nous vivons plus longtemps, mais en mauvaise santé. La nutrition est donc une question clé, à la croisée des chemins entre le droit à l’alimentation et le droit à la santé. Elle est une parfaite illustration de l’interdépendance et de l’interconnexion des droits humains.
Une approche de la nutrition basée sur les systèmes alimentaires
Pour relever le défi de la malnutrition sous toutes ses formes, il faut procéder à une analyse complète et multidisciplinaire de la violence et des causes structurelles qui sous-tendent nos systèmes alimentaires et conduisent à des régimes alimentaires malsains.
Il est important d’éviter une vision médicalisée de la nutrition qui se concentre uniquement sur les nutriments et encourage des interventions simplistes et étroites axées sur l’apport de nutriments (par exemple, l’enrichissement des produits alimentaires et la fourniture de compléments en micronutriments).
Une approche de la nutrition basée sur les systèmes alimentaires permet une compréhension plus systémique et holistique des questions en jeu, en considérant toutes les interactions qui composent un système alimentaire, de la production et la transformation des aliments à leur distribution, leur préparation et leur consommation.
Une telle analyse du système alimentaire doit également prendre en compte l’interdépendance complexe avec d’autres domaines / systèmes qui ont un impact sur l’alimentation, la nutrition et la santé (tels que la santé, l’agriculture, le climat et l’environnement, la pauvreté et la protection sociale, etc.) et en considérant les contextes politiques, économiques, sociaux, institutionnels et culturels qui façonnent les systèmes alimentaires.
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Toutes les infos sont à retrouver sur le site de FIAN ici : https://www.fian.be/Nouvelle-etude-Droit-a-une-alimentation-de-qualite-et-Systemes-alimentaires?lang=fr