Retour de Stefano, participant au cycle d’initiation en cuisine écologique et politique
Commençons par le commencement... Quel est ton parcours ? Comment as-tu eu connaissance de notre cycle d’initiation en cuisine écologique et politique ?
J’adore cuisiner ! Cuisiner sous toutes les formes, de toutes les manières… J’ai beau ếtre italien, j’aime bien mixer les choses. À la base, ma compagne et des amis m’ont offert le cyle comme cadeau d’anniversaire. Ma compagne en avait eu connaissance par le biais d’une collègue qui a suivi le cycle. À partir de là je me suis dit “Tiens c’est intéressant, pourquoi pas !”.
En ce qui concerne mon parcours, il n’est pas du tout en lien avec l’alimentation à la base. Je suis architecte de formation. J’ai un bureau d’architecture où je construis, rénove,... à Bruxelles, en Wallonie et en Flandre ! Je touche également un peu au design et à la décoration d’intérieur, et à côté de ça j’aime tout ce qui touche à l’art, à la photo et enfin.. j’aime la cuisine.
Et qu’est ce ce cycle t’a appris en cuisine justement ?
Je ne veux pas en faire mon métier mais avec Rencontre des Continents, ça m’a permis justement de rajouter une corde à mon arc ! Ce cycle m’a permis de découvrir des choses que je connaissais pas... notamment sur les différentes cuissons et les différentes manières de cuisiner les légumes ou d’en faire par exemple des tartinades (recette ci dessous). C’était super intéressant comme première approche pour faire découvrir les différents aliments qu’on allait utiliser pendant les 5 séances du cycle.
Les principes de base de l’assiette écologique se basent sur la répartition suivante des aliments dans notre assiette :
Les tartinades, c’était lors de la 1ère soirée ! Par la suite tu en as refait chez toi ?
Malheureusement non... je suis papa d’une petite Valentina de 3 mois et nous n’avons pas trop le temps de cuisiner ! On fait plutôt des tambouilles, on fait un mix qu’on fait cuire à la vapeur ou au wok. Récemment c’était lentilles, pommes de terre, courgettes, aubergines, beurre de cacahuète, sésame et feuilles de menthe…. salé et poivré.
En accompagnement, une petite salade faite récemment, c’est concombre-pastèque-menthe et vinaigre balsamique de dattes. A noter !
Merci pour le partage de tes recettes estivales ! Et un mois après, quel bagage gardes-tu de ce cycle ?
Le bagage que j’en ai récupéré, c’est l’échange avec certaines personnes et surtout ce que j’ai appris sur des produits jamais utilisé ! C’est plutôt ça que j’ai emporté avec moi... Sur base des recettes qu’on nous a transmis et surtout le fait qu’il y a possibilité de manger tellement mieux et sainement sans devoir effectivement aller dans un supermarché et acheter des produits tout fait, transformés ! Y a rien à faire on est tous dans une vie active très prenante et stressante... et pourtant ça peut aller très vite de cuisiner quelque chose en 15/20 minutes.
On peut avoir quelque chose de prêt rapidement sans dépenser des sommes folles et polluer encore plus que ce qu’on fait d’habitude, c’est à dire ne pas réfléchir et acheter n’importe quoi et à n’importe qui ! Voilà, ça je crois que c’est un des points important que j’ai pris de cette formation.
De mémoire tu te rappelles de l’assiette écologique et les 7 critères qui sont nos fils rouges de ce cycle ?
Pas vraiment... J’avoue, je n’ai pas de copion sous les yeux. Je me rappelle du visuel mais je n’arrive pas à les retrouver.
Ok sans les énumérer tous, est ce qu’il y en a qui t’ont marqué ?
Il y a le local qui m’a marqué. On a eu une grosse discussion sur le local et le paysan. On a fait un chouette débat mouvant également où la question était “Acheter bio ça ne pas va sauver le monde". Je crois que j’étais le seul à être d’accord avec cette affirmation. Tout d’abord parce qu’il y a le côté financier des gens et que certaines personnes ne sont pas sensibles à acheter bio ou n’ont pas la connaissance de ce qui est présent sur le marché ! Et justement le travail de sensibilisation que vous faites est très bien parce que vous allez vers des gens qui n’ont pas cette connaissance là… Pour moi, il faut aller plus loin... comme simplement faire de la sensibilisation scolaire... pour les tout petits déjà. Peut être déjà en primaire, faire de la sensibilisation et aller jusqu’aux adultes ! Il faudrait un espèce de "permis écologique" ou apprendre le label bien manger pendant notre scolarité.
Selon toi, informer sur une autre alimentation, plus durable, te semble une priorité ?
Bien sûr ! Il faut informer sur toutes les crasses qu’on fait manger aux enfants. Par exemple, les pots de panade des enfants. On leur faire ingurgiter des sucres, des graisses qui sont pas saines... car ceux ne sont pas des sucres nécessaires aux enfants. C’est juste pour les rendre addict !
J’ai le souvenir de mes deux grands-mères qui faisaient des panades pour mes petits cousins avec des légumes et c’était 1000 fois meilleurs et il y avait ce qu’il fallait pour les enfants ! Je me souviens presque du goût... et d’ailleurs c’est ce que je vais essayer de faire avec ma fille.
Une manière de reprendre l’héritage de tes grands-mères ?
On va essayer, on va essayer... il faut !
Si tu devais donner des mots clés pour décrire ce cycle, quels sont ils ?
Gourmand : tout ce qu’on crée et cuisine, c’est délicieux et c’est fait tout le temps avec passion par les participant.e.s.
Échanges : c’est important parce que dans les participant.es on est pas tous issus du même milieu. Il faut que ce soit mixte... Il y a cette nécessité de mixité ! D’ailleurs ça m’étonne qu’on ne soit que 2 mecs.
Et pourquoi ça t’étonne ?
J’ai remarqué que dans le milieu associatif, c’était toujours les femmes qui étaient impliquées, et je me pose la question pourquoi ?
C’est une bonne question !
Et pas que dans le milieu de l’alimentation... Par exemple quand on va à Esperanzah, dans le Village des Possibles, à chaque fois il y a une multitude de femmes qui représentent les asbl et y a très peu de mecs. Sans avoir ce côté péjoratif, je trouve ça bizarre, on dirait que les hommes n’en ont rien à foutre !
En effet, c’est une bonne question à poser aux hommes ! La gestion du foyer s’est retrouvé dans l’histoire, de manière dominante, à la charge des femmes avec entre autres la gestion de la nourriture : courses, préparation, etc.
Oui d’accord et pourtant dans les grands restaurants gastro, il y a que des grands chefs (hommes).
Tout à fait !
Pourquoi ?
Je te propose d’aller voir l’article que j’ai écrit sur le livre “Faiminisme” de Nora Bouazzouni où elle donne des éléments de réflexions justement aux questions que tu te poses car on se pose les mêmes question en interne.
J’avoue que le premier jour où je suis venu, le premier truc qui m’a interpellé, c’était qu’on était seulement 3 mecs.
On ne choisit pas exclusivement des femmes mais nous remarquons que c’est essentiellement des femmes qui s’inscrivent à nos cycles. Il est vrai que si un homme s’inscrit et qu’il est motivé, nous allons l’encourager…on peut dire que c’est un peu de la "discrimination positive". D’ailleurs, un de nos volonterres aimerait proposer un cycle exclusivement aux hommes pour justement encourager les hommes à cuisiner et à s’intéresser à leur alimentation.
Et bien écoute je veux bien participer et faire tourner avec plaisir !
Quelle est la différence pour toi entre un cours de cuisine classique et un cycle avec Rencontre des Continents ?
Je pense que le cours de cuisine classique enseigne plutôt les techniques de cuisine, les bases. Selon moi, on n’est pas obligé d’aller dans une école de cuisine pour savoir couper des légumes. Personnellement, je n’ai pas eu besoin d’aller dans une école pour savoir couper un oignon et savoir qu’il y a différentes coupes et savoir comment cuire tel ou tel aliment. Depuis tout petit déjà, je regardais ma mère ou ma grand-mère cuisiner (pour info : mon grand-père maternel était le chef du pavillon italien en 1958 lors de l’exposition universelle). Avec Rencontre des Continents, ce qui était intéressant et qui est important, c’est le fait de pouvoir utiliser différents aliments et changer d’une part et oser faire des choses qu’on ne fait pas à la maison ! Ça permettait justement de se dire qu’on pouvait cuisiner avec des céréales, avec des crèmes d’oléagineux... et faire des salades, une tartinade… On peut oser mélanger des choses ! Dans une école de cuisine, il se base sur les fondements de la cuisine c’est à dire la technique. Alors qu’ici, on n’a pas besoin de savoir tout ça, on test et puis on voit ce qu’il se passe. Ceux sont deux approches différentes.
D’ailleurs dans nos cycles, il n’y a pas de viande ni de poisson.
Oui mais parce que je pense qu’il n’y en a pas besoin !
Notre cycle s’appelle “cycle de cuisine écologique et politique”... ses mots font sens pour toi ?
Au début je me suis dit “C’est quoi cette histoire, pourquoi faire de la politique ?”. Pour moi la politique, ça ne me parle pas. Aujourd’hui, après avoir fait les 5 séances, je comprends pourquoi on parle d’écologie et de politique dans la nourriture... parce qu’en fait c’est poser un acte de se dire : je veux manger de manière saine. C’est même plus loin que le politique, ça doit être une manière de vivre.
Une manière de consommer. Pas le sens de gagner de l’argent mais consommer de manière raisonnée…. et raisonner c’est politique. C’est réfléchi !
Tu as raison la première idée de ce cycle, c’est d’échanger et ça c’est faire politique !
Oui tous les débats mouvants étaient fort intéressants.
Tu peux expliquer ce que c’est un débat mouvant ?
C’est une affirmation qui est posée, par rapport à laquelle on peut se positionner soit “d’accord” ou “pas d’accord”. On doit se positionner et si une personne n’est pas d’accord avec ce qui est dit, elle argumente et chacun.e peut changer d’avis et se resituer... ce qui permet un échange et une discussion intéressante... développée de manière plus rationnelle et logique !
C’est un cycle animé par des volonterres, qu’en as tu pensé ?
J’en ai pensé que les volonterres sont animés. Animés parce qu’ils animent mais aussi on sent qu’ils sont sensibles à ce qu’ils font et ce n’est pas juste un acte de présence, ils vont plus loin !
Par exemple, Yanis m’a vraiment marqué parce qu’il animait mais il n’était pas contre les idées qu’on proposait. Il a fait un mix de toutes nos propositions et on en a sorti un menu (entrée, plat, dessert) qui était exceptionnel.
Pour moi, c’était la meilleure soirée, le chef d’oeuvre, la finalité... le paroxysme du cycle !
Un plat qui t’a marqué ?
Oui, je me rappelle du dessert. C’était une compotée de rhubarbe pochée dans l’hibiscus avec un crumble par dessus [recette ci-dessus]. C’était délicieux !
Je conseille de venir rien que pour la dernière séance car on y mange vraiment bien ! Mais pas que !!!
Du coup on peut dire que tu as trouvé ce que tu étais venu cherché ?
Oui c’était un cadeau mais c’est vrai que sur le long terme, j’ai un projet où j’aimerais bien aller plus loin et ne pas cuisiner que des produits achetés mais cuisiner ce que je produis et proposer une table type auberge espagnole peut-être…. mais pas faire le cuistot dans un restaurant !
J’ai plutôt dans l’idée de partager une cuisine ouverte à tous ceux et celles qui seraient intéressé.es à venir cuisiner et partager leurs connaissances culinaires.
Je ne sais pas si ça existe déjà ? Mais ce serait dans l’idée du four à pains dans le village... On aurait une cuisine collective qui serait un lieu d’échanges où l’on participe et où cela peut donner aux gens l’envie de cuisiner…. de manière plus globale et peut-être à l’étranger... tout simplement !
Super, où ça ?
En Sardaigne... retour aux sources ! Je trouve qu’en Italie il y a la culture du bien manger et de saison. Avec le climat, on peut produire beaucoup de choses de saison et local. Ils n’importent pas énormément. Ils produisent tellement de bons fruits et légumes.
On peut dire que ce cycle a nourri ton projet ?
Oui, ce cycle m’a permis d’aller plus loin dans ma réflexion.
Propos recueillis par Margot Thévenin, le 24 Juillet 2019 à 16h30.
Sourire et gratitude à Stefano pour avoir accepté cette interview… et nous te souhaitons le meilleur pour les panades et pour ce projet en Sardaigne qui verra le jour pas à pas !
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