Souvent, la question s’est posée chez Rencontre des Continents : pourquoi notre public est majoritairement féminin ? L’alimentation n’intéresserait que les femmes ?
Pour nourrir notre questionnement, nous avons dévoré le livre de Nora Bouazouni, au ton volontairement polémique. Elle nous explique la façon dont la société (depuis la Préhistoire) a maintenu au travers de l’alimentation, des rapports de domination masculine.
Extrait : « Bien que près de la moitié de la main d’œuvre agricole mondiale repose sur les femmes, les femmes possèdent moins de 20 pour cent des terres agricoles. Face à cela, 60 pour cent des personnes souffrant de faim chronique sur la planète sont des femmes ou des filles », Gabriela Matecná, femme politique slovaque.
Elle ne cesse de questionner le.la lecteur.trice au fil de son ouvrage : comment expliquer qu’aujourd’hui encore, dans les restaurants, 90% des chef-fe-s soient des hommes, tandis qu’à la maison, 8 fois sur 10, les femmes restent à la manœuvre ? Comble de l’ironie, ces chefs valorisés voir starifiés situent souvent l’origine de leur vocation dans la saveur d’un plat familial confectionné par leur mère ou leur grand-mère...
Extrait "Les hommes apparaissent comme les garants d’un savoir-faire culinaire, d’une tradition, alors que dans la réalité, ce sont les femmes qui ont toujours fait à manger. Mais une femme qui cuisine un bœuf bourguignon pour sa famille, ça n’est pas prestigieux, c’est normal, elle est là pour ça…"
Tout comme cette publicité (pour un "fameux" Ketchup), l’auteure souligne dans son livre, le rapport ambigüe de nos sociétés entre chair et chère, domestication et émancipation, genre et gastronomie...
Dans une époque devenue de plus en plus soucieuse de son alimentation, nous notons parfois un manque de recul pour observer la place de la femme dans l’organisation de cet acte essentiel qui est celui de (se) nourrir. C’est ce que nous souhaitons faire au sein de Rencontre des Continents et nous invitons chacune et chacun à nourrir cette réfléxion avec nous et ainsi être plus nombreux.ses à porter une attention à l’égalité femmes-hommes et à lutter contre les injonctions de genre qu’elles soient faites aux femmes et aux hommes.
Pour aller plus loin :
- un article dans lequel l’auteure est interviewée —> ICI.
- un article sur "Peut on être féministe et manger de la viande ? en référence au livre —> LÀ.
Nora Bouazzouni écrit Faiminisme, édité par Nouriturfu.