QUELS LIENS ENTRE ECOLOGIE, COLONIALISME, ALIMENTATION ?
La journée commença par mettre au centre le témoignage de Taslim, membre de La Voix des Sans-Papiers. Taslilm a pu témoigner des enjeux écologiques et coloniaux à partir de son vécu en tant que Guinéen résidant en belgique. Son récit a permis de donner corps à des problématiques capitalistes et extractivistes, et d’ouvrir des ponts avec les luttes pour la liberté de circulation (qui manifestaient contre les centres fermés situés proches de Zaventem le même jour (le récit de cette manifestation ici)).
Ensuite, Marie-Fidèle Dusingize avait préparé un module dynamique pour faire émerger des savoirs de la part de tous·tes les participant·es sur les différents aspects de l’écologie en lien avec le colonialisme.
Ce module lui a permis de nous faire part de savoirs sur les questions d’écologie décoloniale, qui nous ont permis d’aborder de multiples aspects de ce thème :
... la diversité des cultures, la complicité des gouvernements dans les conflits fonciers, la mise en danger de la souveraineté territoriale et alimentaire des peuples, les méfaits de la pensée extractiviste sur la Terre, les inégalités de traitements entre marchandises et humains quant à leur liberté de circulation, le problème du racisme environnemental qui détruit l’environnement et (toujours) les mêmes corps (quartiers populaires et personnes racisées), les failles de la pensée universaliste occidentale sur la question climatique (qui prétend que "nous sommes tous dans le même bâteau"), la nécessité de parler de l’Afrique autrement qu’en terms de lacunes et de retards (notamment lors des COP), l’invisibilisation de récits, de savoirs-faire, à cause de rapports coloniaux se jouant aussi sur la scène des mouvements écologistes, la nécessité de décoloniser les revendications écologistes présentes lors des Marches Climats, penser la question de la légitimité des corps dans le milieu du militantisme climatique (cf. Greta Thunberg), déconstruire le racisme épistémique/épistémologique de manière générale, etc...
Les discussions ont battu leur plein en fin de présentation, lorsque nous avons évoqué les potentiels dérives d’actions qui traitent le problème du racisme et du colonialisme en surface uniquement, et pas en profondeur. Il est en effet tout à fait possible de mener des actions qui posent un vernis anti-raciste ou décolonial, sans aller à la racine des problèmes.
Quelques pistes. Ou, Ce que l’on peut faire dès maintenant (en tant que personne non racisée et active sur les questions écologiques) :
- Réfléchir à notre position/posture d’allié·e.
Utiliser nos privilèges pour les mettre au service des personnes n’en disposant pas. Se mettre en arrière-plan ou en retrait, ou simplement écouter, peut être une solution.
Construire des solidarités concrètes, effectives, au sein d’initatives et de mouvements.
- Participer à des évènements/luttes en lien avec les questions de mémoire, de colonialisme, de racisme. Passer du temps hors de nos zones de confort.
- Contribuer à diversifier les perspectives des mouvements écologistes avec des perspectives marginalisées (écologie décoloniale / Ecoféminisme / Ecologie populaire notamment).
- Réfléchir à l’épistémologie que l’on incarne, aux valeurs que l’on véhicule dans nos pratiques de formation/animation : qui prend-elle en compte ? Qui valorise-t-elle ?
Vous retrouverez ici les photos et diverses traces du forum
> Et là les traces du forum de l’année précédente qui avait porté sur les dominations systémiques.
Quelques références que nous avons glanées et qui pourront vous accompagner sur le chemin de l’écologie décoloniale :
Lire
Une écologie décoloniale, par Malcolm Ferdinand, éditions Seuil, 2019
Pour une ecologie pirate - Et nous serons libres, par Fatima Ouassak (avec un chapitre sur l’ouverture des frontières)
Vers l’écologie populaire, numéro de la revue Contrastes coordonnée par Les Equipes Populaires
Black Lives Matter : pour les écologistes, le silence ne doit plus être une option, article de Julien Didier pour Mycelium
Urgence Ecologique vue du Sud, Alternatives Sud, 2020
Visionner
Décoloniser l’écologie, L’écologie politique serait-elle trop « blanche » et pas assez à l’écoute des milieux populaires ? Une rencontre organisée par Mediapart avec Daiara Tukano, militante indigène d’Amazonie, et Fatima Ouassak, du collectif Front de mères.
Décolonisons l’écologie, reportage au coeur des luttes décoloniales et écologistes, documentaire réalisé par Annabelle Aim, Cannelle Foudrinier et Jérémy Boucain
Pour une écologie décoloniale, rencontre
Ecouter
Véganisme, écoféminisme, des trucs de blanc.he.s ?« , interview de Myriam Bahaffou pour le podcast « Kiffe ta race ».
Décolonisons l’écologie, podcast Présages avec Annabelle et Jérémy
Organisations ressources
Collectif Mémoire Coloniale et Luttes Contre les Discriminations, qui informe, sensibilise, lutte, contre l’aliénation (néo-) coloniale et pour la décolonisation des espaces publics
Collectactif asbl : collectif de récupération et transformation alimentaire (qui nous a formidablement nourri en fin de journée). géré par des personnes sans-papiers
Mycelium : Voir leur page sur les Ecologies Decoloniales comportant de nombreuses ressources
Personnes ressources
Marie-Fidèle Dusingize, chargé de cours à l’UMons et spécialiste des identités afro-descendantes
Taslim, membre du collectif La Voix des Sans Papiers
Francine Beya, créatrice d’un atelier (Ecolo quoi ?) qui permet de construire des narratifs écologiques et décoloniaux et remettre les personnes les réalités des personnes noires au centre des enjeux écologiques.
Stéphanie Ngalula, activiste féministe décoloniale, active notamment au sein du Collectif Mémoire Coloniale et Lutte Contre les Discriminations
Stéphanie Collingwoode Williams, militante et consultante en inclusivité et anti-racisme
Brenda Odimba, militante et activiste décoloniale
Myriam Bahaffou, militante écoféministe et écrivaine.
Formations pour aller plus loin
Ecologie de puis les marges. Formation de 4 jours qui valorisent l’apport de visions marginalisés de l’écologie. Coordonnée par PAC, Mycelium, et RdC (prochaine édition courant 2024 (suivez notre Newsletter !))
Ecolo quoi ? Un atelier crée par Francine Beya qui permet de construire des narratifs écologiques et décoloniaux et remettre les personnes les réalités des personnes noires au centre des enjeux écologiques.