Le 17 avril dernier, à Aiseau-Presles, nous avons manifesté dans le cadre du Resap (Réseau de soutien à l’agriculture paysanne) contre le projet de l’entreprise Ether Energy, qui souhaite implanter 22.000 panneaux photovoltaïques sur 30 hectares de terres agricoles dans cette commune du Hainaut.
Toutes les infos et retours en images sont sur le site du Resap par ici :
https://www.luttespaysannes.be/
Pourquoi ?
Parce qu’en matière de spéculation foncière et d’utilisation des zones
agricoles, la Wallonie ressemble aujourd’hui au far west : chevaux de
loisir, monocultures de sapins de Noël, production énergétique,… De
nombreux acteurs spéculent sur les terres agricoles et contribuent très
largement à la flambée des prix des terres, parfois sans y produire un
radis pour nous nourrir. Dans le cadre d’un marché non régulé, c’est
simplement le plus offrant qui fixe le prix. Le far west, on vous dit !
A Aiseau-Presles, nous avons donc sorti les tracteurs, bannières et
percussions pour accompagner près de 150 personnes - agriculteur·rice·s
et citoyen·ne·s mêlé·e·s - vers le champs menacé pour y mener des
actions symboliques afin de réclamer un moratoire sur l’agrivoltaïsme en
Wallonie, et une régulation du marché foncier agricole. Parce que oui,
en 2024, il est encore nécessaire de rappeler l’urgence de réguler le
marché foncier pour permettre aux paysan·ne·s d’accéder à la terre et
assurer notre souveraineté alimentaire.
Video de retour sur la mobilisation du 17 avril 2014
Les panneaux sur les hangars, pas sur les hectares !
Nous avons joyeusement planté des pommes de terres sur la parcelle
concernée par le projet de l’entreprise Ether Energy, et laissé une
trace de notre passage en bordure du champ : des dizaines de pancartes
incitant à ne pas tomber dans le panneau de l’agrivoltaïsme !
6 orateur·rice·s se sont ensuite succédé·e·s au micro pour exprimer les raisons de la mobilisation, mais aussi de la colère que le projet d’Ether Energy suscite. Des agriculteur·rice·s aux représentant·e·s de différents collectifs, en passant par les représentant·e·s de la commune qui s’oppose également au projet, tous·tes sont venu faire passer le message : les panneaux sur les hangars, pas sur les hectares ! Les énergies renouvelables ne doivent pas être mises en compétition avec la
fonction nourricière des terres. D’autant que chaque hectare perdu ici est pris ailleurs et la distance parcourue par nos aliments augmente.
Une agriculture paysanne, locale et nourricière participe à la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre.
Un message d’autant plus pressant que le cas d’Aiseau-Presles est loin d’être isolé, puisque des projets similaires se multiplient partout en Wallonie :
Bons-Villers, Chimay, Brugelette, Moha, ou Braine-l’Alleud. Le Comité nlocal de Ath a pu profiter de la mobilisation à Aiseau-Presles pour prendre la parole et faire état du projet en cours dans leur région : l’installation de 22’000 panneaux photovoltaïques sur 17 hectares de terres agricoles.
Valentine Jacquemart, éleveuse et administratrice à la FUGEA, a martelé ce message :
La terre est notre premier outil de travail ! Dans un marché
foncier agricole dérégulé comme en Wallonie, l’attractivité financière
de l’agrivoltaïsme participe à la hausse des prix. Aujourd’hui, elle est
déjà impayable. Et les prix des produits agricoles sont trop faibles
pour permettre à un agriculteur de rentabiliser l’achat de terres sur le
temps de sa carrière.
Il est urgent de protéger la fonction nourricière des terres.
En plus d’un moratoire sur l’agrivoltaïsme, la Région wallonne doit de
doter d’outils pour maîtriser l’évolution des prix et de garder les
terres aux mains des agriculteurs. Plus on attend, plus ce sera
compliqué à mettre en place.
De la nourriture pour les ventres et les têtes : convivialité, courses de cuistax et ateliers de réflexion
La journée de mobilisation s’est poursuivie autour d’un bon repas
paysan concocté par le Début des Haricots et d’activités autour l’accès à
la terre. Au programme ? En fonction de vos envies, vous étiez
invité·e·s à prendre part à des ateliers de réflexion thématiques ou …
de vous lancer dans une course de cuistax effrénée dans les rues de
Presles pour contrer l’implantation de panneaux photovoltaïques sur des
terres agricoles.
La Journée Internationale des Luttes Paysannes : à Aiseau-Presles et ailleurs !
Comme chaque année, le 17 avril, c’est la Journée Internationale des Luttes Paysannes. Cette journée commémore un triste événément de l’année 1996 : l’assassinat de 19 paysans brésiliens du “mouvement des travailleurs sans-terre” par des milices paramilitaires. Cette date
offre donc l’occasion pour le Réseau de soutien à l’Agriculture Paysanne (RESAP) et ses alliés de dénoncer les impasses du système agro-productiviste, comme le font les sans-terre, et de clamer haut et fort leur soutien aux agriculteur·trice·s qui proposent des alternatives comme l’agroécologie.
Le ReSAP s’est concentré à Presles cette année, mais des actions ont été organisées partout en Belgique pour marquer cette journée importante, et les enjeux qui y sont liés :
Dans la province du Luxembourg
- sur le site de la Petite Foire Paysanne avec la traditionnelle plantation de patates qui seront récoltées le dernier week-end de juillet, quand les festivités de la Petite Foire batteront leur plein
- à l’Espace Florenville avec la projection en première vision du film “Intensif : ces agriculteurs alliés de la terre”
Dans la province de Namur
- A la Casserole lors d’une journée d’activités et d’échanges autour de la préservation des terres agricoles.
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Dans la province de Liège
- au Clos Mercator avec une soirée débat du Festival Nourrir Liège,
consacrée à l’interpellation des différents partis politiques
francophones concernant la transition agroécologique et solidaire de nos
systèmes alimentaires. Les enjeux d’accès à la terre étaient évidemment
au centre des échanges ! - Et à l’aéroport de Liège dans le cadre du Festival Nourrir Liège,une après-midi consacrée à l’exploration d’un projet qui bétonnise les terres agricoles.
En Région bruxelloise
- sur la place Sainte-Croix :
une mobilisation destinée à rappeler que le système alimentaire
actuelle est dans l’impasse, et que des mesures structurelles sont
nécessaires pour répondre à la précarité des mangeur·euse·s et des
agriculteur·rice·s - au DK : la soirée Grand Débat du Festival Nourrir Bruxelles, consacrée aux réponses que l’Europe apporte (ou non) à la colère agricole qui s’exprime depuis des mois dans les rues