Quand la philanthropie d’extrême-droite drague des associations bruxelloises Ne nous laissons pas duper !

Mycelium nous informe et nous invite à la vigilance. En effet, il est facile de ne pas toujours voir clair sur qui se cache derrière les façades, mais être informé est un premier pas pour ne pas se laisser avoir. Et puisque les temps à venir ne seront pas simples, mettons les bonnes lunettes pour nous guider dans nos choix.

"Face à la baisse des moyens publics alloués aux associations, beaucoup sont amenées à se tourner vers d’autres sources de financement et notamment des fondations et donateurs privés, autrement dit le secteur de la philanthropie. Ce secteur connait une grande croissance et se diversifie très fort, au point qu’il n’est pas toujours facile pour des associations de savoir exactement avec qui elles traitent. En effet, si la plupart des fondations affichent des valeurs positives de progrès social, de soutien aux groupes défavorisés ou de protection de l’environnement, ces beaux objectifs peuvent cacher un agenda capitaliste (nourri d’idéal de « croissance verte » ou de « business social ») ou parfois même carrément un positionnement réactionnaire et proche de l’extrême-droite.

C’est le cas de la galaxie constituée par Pierre-Edouard Stérin, milliardaire français catholique conservateur, qui a créé le « Fonds du bien commun », alimenté par les profits de ses entreprises, et la « Nuit du bien commun », qui sont des soirées de levées de fonds destinées à financer des associations locales. Ces « Nuits du bien commun » sont organisées depuis plusieurs années dans diverses villes de France…et à Bruxelles en 2022, 2023 et bientôt en 2025 !

Pierre-Edouard Stérin a récemment été identifié par diverses enquêtes journalistiques qui ont mis en lumière son action dans la philanthropie et le programme politique qu’il défend à travers celle-ci. Stérin a en effet constitué divers fonds de plusieurs centaines de millions d’euros pour soutenir une prise de pouvoir politique de l’extrême-droite en France, via un projet appelé Périclès, et financer plus largement les franges les plus réactionnaires de la société par le financement d’écoles privées, de programmes d’éducation à la vie affective et sexuelle, de maison de repos ou d’associations de soutien aux personnes handicapées. Lutte contre le droit à l’avortement, contre les droits des minorités LGBTQIA+, défense de « l’identité française » contre le « grand remplacement » et défense d’un modèle économique ultralibéral, les positions défendues par ces organisations sont claires et leurs liens avec les différentes composantes de l’extrême droite française sont multiples.

La plupart des fonds issus du « Fonds du bien commun » et de « la Nuit du bien commun » financent des associations qui s’alignent avec un tel agenda politique, telles que des associations proches des milieux catholiques intégristes, des mouvements identitaires voire néo-nazis. Néanmoins, on peut aussi retrouver des associations plus classiques dans les projets financés, ce qui permet de brouiller les lignes en affirmant que la « Nuit du bien commun » est une organisation « apolitique », dans le but probable de se rapprocher petit à petit d’un secteur associatif historiquement hostile à l’extrême-droite et de se rendre nécessaire dans un milieu sous-financé. C’est ainsi qu’à Bruxelles plusieurs associations reconnues depuis longtemps et financées publiquement font partie des associations choisies en 2022 et 2023.

S’il est difficile de dire à des associations engagées pour des causes importantes de refuser des fonds généreux (plus d’un million d’euros distribués à Bruxelles en 2022 et 2023), il est primordial de comprendre que derrière cette générosité affichée se dresse une stratégie politique très claire et en réalité hostile aux pans les plus fragiles de la société. La galaxie Stérin finance des associations de lutte contre la pauvreté ou pour le handicap, mais ses soutiens politiques n’ont de cesse d’œuvrer au définancement des missions sociales de l’État, ce qui aggrave les causes derrières les problèmes qu’affrontent ces associations. Par ailleurs, les valeurs défendues par cette galaxie visent à exclure des pans entiers de la société, en premier lieu les personnes migrantes, mais aussi les personnes LGBTQIA+ ou les droits des femmes. Les grands acteurs historiques de la philanthropie ne s’y sont d’ailleurs pas trompés et, depuis les révélations de ces liens avec l’extrême-droite, la Fondation de France et la Fondation Roi Baudouin ont retiré leur soutien à la « Nuit du bien commun ».

Malheureusement, leur action est loin de s’arrêter pour autant. La « Nuit du bien commun » a ouvert un nouvel appel à projets en 2025 pour des associations basées à Bruxelles, en vue d’une soirée de levée de fonds prévue le 4 juin prochain en plein cœur de la capitale. En tant qu’association et fondation engagées auprès des mouvements écologistes et sociaux belges depuis plusieurs années, Mycélium estime essentiel d’alerter le secteur associatif bruxellois, ainsi que de potentiel·le·s donateur·ice·s, séduit·e·s par la communication alléchante et les valeurs faussement consensuelles de la « Nuit du bien commun ». 

En lien avec la fondation Marius Jacob et d’autres fondations engagées auprès des mouvements sociaux, nous essayons d’agir pour une philanthropie qui serve réellement ces mouvements et ont comme boussole la lutte contre toutes les formes de domination et d’exploitation, de l’humain et du vivant. Le projet réactionnaire porté par Pierre-Edouard Stérin et la « Nuit du bien commun » ne pourrait être plus éloigné de nos principes d’action et il est important de pouvoir faire la lumière sur les motivations politiques de tels acteurs, surtout quand ceux-ci cherchent à brouiller les pistes en draguant des associations et des donateur·ice·s mal informé·e·s.

Nous vous invitons à relayer ces informations et sommes disponibles pour poursuivre et amplifier nos actions en vue de démasquer et lutter contre la présence de l’extrême-droite dans la philanthropie en Belgique et ailleurs."

Quelques articles pour approfondir :

Source : Article de Mycelium, 18 janvier 2025

Ne nous laissons pas duper !

novembre 2025 :

octobre 2025 | décembre 2025

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