Bien manger ou payer ses factures, on ne veut pas choisir : il est temps d’agir !
Accéder à une alimentation de qualité est un droit humain fondamental. Pourtant, la situation ne fait qu’empirer depuis des années. De plus en plus de personnes ont faim, mangent un jour sur deux, n’ont pas assez dans leur frigo ! Beaucoup se retrouvent contraint·es de recourir à l’aide alimentaire.
Face à ces constats, Cultureghem et nombre de ses partenaires organisaient une parade de la faim le 17 octobre, dans le cadre des 10 ans de l’asbl Cultureghem et de l’appel du Front Rendre Visible l’Invisible à l’occasion de la journée internationale de lutte contre la pauvreté.
Citoyen·nes, organisations de lutte contre la pauvreté et leurs allié·es se sont mobilisés lors d’une parade contre la faim organisée dans les rues d’Anderlecht. L’objectif ? Revendiquer ensemble le droit à accéder à une alimentation de qualité. Dans un contexte où de plus en plus de gens ont faim en Belgique, il s’agissait de mettre en avant la nécessité d’une réponse structurelle face à une réalité qui ne fait qu’empirer.
Un cortège, des chars surplombés de grands frigos vides, des musiciens, c’est dans une ambiance conviviale que décident de se rassembler les manifestants pour parler d’une réalité déjà bien assez pesante.
“Aujourd’hui, de plus en plus de gens font appel à l’aide alimentaire en Belgique tandis que les paysans peinent à obtenir un prix juste et rémunérateur pour leur travail. Des deux côtés du système alimentaire, la précarité augmente et le manque d’action politique dérange.” livre Brigitte Grisar, chargée de projets à la Fédération des Services Sociaux (FDSS).
Cette mobilisation est organisée à l’occasion de la Journée Internationale de Lutte contre la Pauvreté et des 10 ans de l’asbl Cultureghem.
“Nous sommes ici pour revendiquer ensemble un système d’accès durable à une alimentation de qualité et digne, sans conditionnalités et réaliser ainsi un droit humain fondamental : le droit à l’alimentation pour tous et toutes ! .” ajoute Brigitte Grisar de la FDSS.
En Belgique, plus de 600 000 personnes ont eu recours à l’aide alimentaire en 2021 et plus de 10% de la population était déjà en insécurité alimentaire au printemps 2020. Or depuis, les crises s’accumulent. Après le Covid, l’inflation, la hausse des prix de l’énergie et des loyers contribuent à encore rabougrir le budget alimentaire des ménages.
Pour l’asbl Cultureghem qui effectue un travail de terrain pour un meilleur accès à l’alimentation dans le quartier populaire de Cureghem, cette mobilisation est l’occasion d’interroger la réponse politique traditionnelle qu’est l’aide alimentaire.
"Même si on donne tout sur le terrain, cela ne changera rien au problème. L’aide alimentaire ne résout pas la pauvreté, elle ne fait que la gérer, avec des conditions indignes en plus ! Les familles qui ont recours à l’aide alimentaire doivent se mettre à nu, argumenter sur leur incapacité à vivre dignement pour avoir le droit de recevoir les déchets du système agro-industriel. Et c’est ce système même qui broie les paysans, surproduit de la malbouffe, endommage notre santé et gaspille à outrance des denrées alimentaires.“ témoigne Yannick Roels, directeur de l’asbl Cultureghem.
Pour les organisateur·rices, il est inenvisageable que l’aide alimentaire s’impose comme une solution structurelle. Au contraire, l’alimentation de qualité doit être considérée comme un droit pour tous et toutes et des mesures politiques doivent être prises pour assurer son accessibilité effective : hausse des minimas sociaux, revalorisation des salaires les plus bas, développement de nouveaux pans de la sécurité sociale spécifiquement dédiés à l’alimentation, juste rémunération des paysans et paysannes qui produisent une alimentation de qualité, mobilisation des institutions publiques telle que les CPAS, les lieux de restauration collective... autant de pistes qui ne peuvent être ignorées si l’on veut que tous et toutes puissent vivre dans la dignité !
Retour en photo sur la mobilisation :
https://1710.be/2022/10/20/retour-en-photos-sur-la-mobilisation-2022-%f0%9f%93%b8/
Carte Blanche parue dans Le Soir
*Organisations signataires :
Cultureghem ; FIAN Belgique ; Fédération des services sociaux ; Kom à la
maison ; Agroecology in Action ; Rencontre des Continents ; Nourrir
Bruxelles ; Arsenic2 ; Adoc Compagnie ; POSECO ; ATD Quart Monde
Belgique / ATD Vierde Wereld Belgïe ; Le MAP (Mouvement d’Action
Paysanne) ; CAN (Ceinture Alimentaire Namuroise) ; La grange verte
ASBL ; Groot Eiland ; Les Amis de la Terre – Belgique asbl ; Le RATaV
(Réseau Aliment-Terre de l’arrondissement de Verviers) ; Autre Terre ;
SOS Faim ; Quinoa ; Terre-en-vue ; VRAC Bruxelles ; Tuiniersforum des
Jardiniers ; CCREALIM (Collectif des Ceintures et Réseaux Alimentaires
de Wallonie) ; Greenpeace Belgique ; RCR² - Réseau de Collectifs en
Recherche de Résilience ; Le Réseau des GASAP ; Cuisines de quartier
asbl ; ASBL Comité de la Samaritaine ; Boerenforum ; La Ferme du Chant
des Cailles ; Brigade d’Action Paysanne ; Oxfam Belgique ; Fabriek
Paysanne ; La Ferme du Chaudron ; Réseau Santé Diabète.
Bien manger ou payer ses factures, on ne veut pas choisir : il est temps d’agir !
Se nourrir, comme se loger, se chauffer, s’éclairer, est devenu un luxe. 38 % des Bruxellois et Bruxelloises vivent sous le seuil de pauvreté pendant que les industries agroalimentaires engrangent des bénéfices records et indécents. Ce 17 octobre, une parade de la faim aura lieu dans la capitale. L’existence même de l’aide alimentaire au 21ème siècle dans nos sociétés « d’abondance » est un scandale. Pourtant, la demande en colis alimentaire explose depuis le début de l’épidémie de covid. Elle a doublé par rapport à l’année dernière ! L’organisation de cette aide alimentaire est en opposition forte avec le droit à l’alimentation tel que décrit dans les textes des droits humains. Conditions d’accès difficiles voire indignes, aides temporaires et limitées, aliments de mauvaise qualité, files d’attente interminables, autant d’éléments qui montrent que l’aide alimentaire, bien que nécessaire, n’est qu’un dépannage alimentaire. De plus, elle s’appuie sur la surproduction de la Politique agricole commune : « nourrir les pauvres » sert d’argument pour légitimer un système industriel économiquement injuste, qui gaspille les ressources naturelles et rend tout le monde malade.
Accéder à une alimentation de qualité est un droit humain fondamental. Pourtant, la situation ne fait qu’empirer depuis des années. De plus en plus de personnes ont faim, mangent un jour sur deux, n’ont pas assez dans leur frigo ! Beaucoup se retrouvent contraintes de recourir à l’aide alimentaire.
Face à ces constats, Cultureghem et nombre de ses partenaires ont organisé une parade de la faim le 17 octobre dernier à Anderlecht, dans le cadre des 10 ans de l’asbl Cultureghem et de l’appel du Front Rendre Visible l’Invisible à l’occasion de la journée internationale de lutte contre la pauvreté.
A quand un système d’accès durable à une alimentation de qualité et digne, sans conditionnalité, sans mise à nu, sans déchets du monde industriel, sans invendus uniquement pour les plus pauvres ? Nous exigeons la suppression de l’aide alimentaire au profit de la mise en place d’un droit à l’alimentation pour toutes et tous !
Pas assez de circuits courts
Il est hors de question que les personnes en situation de pauvreté et les paysan.nes soient mis en concurrence. Par le biais de la Politique agricole commune, la Belgique (avec les autres États européens) subventionne l’agriculture industrielle, pousse à la concentration des terres et à l’exportation de produits alimentaires. En revanche, peu de subsides structurels substantiels sont donnés aux paysan.nes en petites surfaces, travaillant en vente directe ou en circuit court. Un système alimentaire durable et égalitaire doit pourtant être localisé, basé au maximum sur des circuits directs avec des prix rémunérant correctement les producteur.rice.s. Les acteurs aux deux extrémités de la chaîne alimentaire subissent les conséquences sociales négatives d’un système alimentaire du passé et dépassé. Ils gagnent à lutter et agir ensemble.
Les conditions d’une vie digne
L’augmentation des revenus des plus pauvres grâce à la taxation des plus riches est une nécessité. Les aides sociales doivent être supérieures au seuil de pauvreté et les revenus minimums doivent permettre de mener une vie digne. Les « prix bas » ne sont pas une solution car ils ne prennent pas en compte tous les coûts de santé et environnementaux : c’est ensuite à l’État de boucher les trous, lorsque c’est encore possible… Il faut repenser notre protection sociale pour augmenter les revenus (sécurité sociale de l’alimentation, chèques alimentaires, hausse des minimas sociaux) et permettre à tous et toutes d’accéder à une alimentation de qualité.
Un problème politique
Le gaspillage alimentaire n’est pas un problème technique, mais politique ! Il faut réduire le gaspillage alimentaire qui est inhérent au système industriel et aux « économies d’échelle » qu’il permet. Les personnes en situation de pauvreté ne gaspillent pas, elles se débrouillent, réutilisent, récupèrent. Elles ne peuvent se nourrir dignement avec les restes des riches ou des industries. Elles doivent avoir un accès permanent, digne, à une alimentation saine, diversifiée, nutritive, durable. Un système alimentaire égalitaire ne devrait pas produire le gaspillage alimentaire massif qu’il génère aujourd’hui.
Des prix injustes et faussés
Les prix alimentaires actuels sont injustes et faussés. Il faut sortir du modèle agro-industriel et proposer des modèles agroécologiques, qui créeront des emplois dignes, approvisionnent les villes et les villages en produits frais et de saison, ce qui réduira drastiquement l’impact de l’agriculture sur le climat, l’environnement et nous maintiendra davantage en bonne santé. Pour reprendre la main sur notre alimentation, nous appelons à révolutionner le système alimentaire pour qu’il garantisse enfin nos droits et notre souveraineté alimentaire.
Nous ne voulons pas d’une nourriture pour les pauvres, et d’une autre pour les riches : nous voulons tous et toutes bien manger.
En 2024, ce sont les élections législatives. Les inégalités sociales se creusent. Nous demandons à tous les acteur·rices du système alimentaire, et notamment aux partis politiques de se positionner sur ces revendications. Ça ne peut plus durer.